Accueil > Articles > La consommation de cannabis et ses effets sur la conduite.
Parmi les comportements dangereux qui reviennent le plus en tête des usagers de la route, on trouve majoritairement la conduite sous l'emprise de l'alcool, la vitesse ou encore le manque de concentration. En revanche, les impacts de la consommation de drogue au volant, à l'image du cannabis, sont sans doute sous-évalués, sous-estimés, et ignorés par certains. Alors, quels sont les effets du cannabis au volant ? Quelles en sont les conséquences en termes réglementaires, et pour notre santé et sécurité ?
Les effets du cannabis sur la conduite
La consommation de cannabis et la conduite sont incompatibles, indépendamment de la dose consommée. Plus la quantité consommée est importante, plus le cannabis va augmenter le temps de réaction. Il va aussi créer une diminution de la capacité à prendre une décision rapidement, ainsi qu'une dégradation de la lecture de son environnement, du temps et de l'espace. En bref, la consommation de cannabis altère les capacités clés d'une conduite adéquate, à savoir, observer la route, prendre une décision et transformer cette décision en action. En plus de cela, les effets peuvent aller plus loin, comme entraîner une somnolence, voir diminuer ses capacités visuelles et auditives.
De plus, les effets ne se font pas attendre. Ces deniers atteignent leur pic seulement 30 minutes après avoir fumé du cannabis et s'estompent après environ 3 heures. En cas de prise par ingestion, c'est après seulement 7 à 8 heures que les effets vont s'estomper.
Au regard de ces effets et de leurs temporalités, une conduite en toute sécurité est donc impossible, et les conséquences ne peuvent qu'être graves. En effet, la conduite sous cannabis « multiplie par deux le risque d'être responsable d'un accident mortel ». Il ne faut pas non plus négliger l'effet cocktail qui ne fait qu'augmenter les risques et les conséquences. Il peut s'agir des effets cocktails avec d'autres drogues, ou du mélange cannabis-alcool qui « multiplie par 29 ( !!! ) le risque d'avoir un accident mortel ». Ce mélange crée des effets incompatibles, entre sentiments de puissance, de sur-confiance en soi, et en revanche une réalité tout autre. Malheureusement, la moitié des contrôles positifs aux stupéfiants ayant causé un accident mortel comporte un mélange drogue/alcool.
Le cadre réglementaire et les conséquences associées
Que dit la loi ?
Afin de lutter contre ce fléau, et ainsi renforcer la sécurité de tous les usagers de la route, la consommation de cannabis au volant est bien évidemment réglementée. Avant toute chose, au-delà de la conduite, il faut savoir que la consommation de cannabis est tout simplement illégale en France. Ce dernier est considéré comme un stupéfiant. L'usage de stupéfiants est considéré comme « illicite », et est « puni d'un an d'emprisonnement et de 3 750 euros d'amendes » selon l'article L342-1 du code de santé publique.
En partant de cela, il va de soi qu'elle l'est aussi au volant. Il est clairement défini dans le code de la route que la prise de stupéfiants est illégale pour le conducteur ou l'accompagnateur dans le cadre d'une conduite accompagnée, et ce indépendamment de la quantité absorbée. Elle est donc illégale dès la moindre dose détectée dans le sang.
Les actions par la sensibilisation
Deux volets sont donc développés dans le cadre de la sécurité routière concernant la consommation de cannabis et de drogue au volant. Ils ont tous deux pour objectif d'éradiquer cette pratique.
D'une part, il s'agit de sensibiliser aux effets du cannabis, afin de convaincre les consommateurs des dangers qu'ils encourent. Le site internet, ou la chaîne YouTube de la sécurité routière donne toutes les informations à savoir, et diffuse des campagnes de sensibilisation permanentes à ce sujet. Par exemple, la campagne « Fumer du cannabis est illégal, sur la route ça peut être fatal » a pris la forme d'un film télévisé en mars 2018, puis a ensuite été diffusée dans les cinémas. Il en va de même dans les écoles, et dans les universités, là où les nouveaux et les futurs usagers de la route se trouvent. Divers témoignages sont aussi consultables et peuvent faire office d'électrochoc.
Les actions par la sanction
D'autre part, il s'agit de détecter et de sanctionner les consommateurs de cannabis au volant. Le gouvernement étend sans cesse ses contrôles, afin de les rendre plus fréquents. En chiffres, c'est 453 000 contrôles qui ont été effectués en 2020, contre 435 000 en 2019. 800 000 contrôles sont visés en 2021. Ces contrôles sont possibles indépendamment d'un accident, au même titre qu'un dépistage d'alcoolémie. En cas d'accident mortel, le dépistage est alors obligatoire. Sous forme de test salivaire, la consommation de cannabis sera détectée dans la minute, tout comme d'autres substances. Un test sanguin pourra même détecter la prise de cannabis plusieurs jours après la consommation. De plus, attention, la sécurité routière concerne tous les moyens de transport. Dans ce sens, un contrôle peut aussi être réalisé par les forces de l'ordre si vous êtes à vélo ou à trottinette.
En cas de contrôle positif, les sanctions sont très lourdes, afin de constituer une force de persuasion parfois plus efficace que la pédagogie. Les peines peuvent être les suivantes :
- Jusqu'à 2 ans de prison et 4 500 euros d'amende ;
- Jusqu'à 5 ans de prison et 75 000 euros d'amende, en cas d'accident corporel ;
- Jusqu'à 7 ans de prison et 100 000 euros d'amende en cas d'accident mortel ;
- 10 ans de prison et 150 000 euros d'amende en cas d'accident mortel, cumulé à une circonstance aggravante, comme le mélange cannabis et alcool, ou cannabis et conduite sans permis.
Au-delà de ces lourdes peines financières et de prison, 6 points sont retirés sur le permis de conduire, qui peut aussi être suspendu pendant 3 ans, voire même annulé sans pouvoir le repasser pendant 3 ans. Et comme la clémence ne peut être de mise, diverses peines complémentaires existent comme :
- Le suivi d'un stage de sensibilisation à la sécurité routière ;
- Des travaux d'intérêts généraux ;
- L'interdiction de conduire un certain type de véhicule pendant 5 ans ou plus ;
- La réquisition du véhicule.
Finalement, l'État n'est pas le seul en capacité de sanctionner. En effet, votre compagnie d'assurance peut vous sanctionner avec une augmentation des cotisations, ou une résiliation du contrat. En cas d'accident mortel ou d'incident, l'assurance pourra aussi se retourner contre vous, pour un remboursement des sommes versées aux victimes.
Des chiffres alarmants
Si le gouvernement a décidé de renforcer ses politiques publiques vis-à-vis de la consommation de cannabis au volant, que ce soit en termes de pédagogie ou de sanctions, ce n'est pas un hasard. En effet, chaque année, ce sont environ 700 personnes qui sont tuées sur les routes à la suite d'un accident provoqué ou impliquant un usager de la route sous emprise de drogues. C'est 21 % de la mortalité routière, soit 1 accident mortel sur cinq, qui monte même à 1 sur 3 les week-ends et en soirée.
Ces chiffres renforcent aussi la nécessité de sensibilisation dans les écoles et les universités. En effet, la majorité des contrôlés positifs ayant causé un accident mortel sont des jeunes (44% de 18-34 ans) et des hommes (93%). De plus, parmi les 18-24 impliqués dans un accident mortel, 20% sont positifs à un stupéfiant ou plus. Ces accidents mortels, causés par la consommation de drogue, concernent 67 % des voitures, mais tout de même 17 % de conducteurs de motocyclette, d'où la nécessité de contrôler l'ensemble des usagers.
Ce qu'il y a à retenir
La consommation de cannabis au volant est interdite. Elle l'est vis-à-vis de la loi, mais doit être aussi guidée par la morale et le bon sens. Sa consommation multiplie par deux le risque d'être responsable d'un accident mortel, et un mélange cannabis-alcool le multiplie par 29 ! Les pouvoirs publics usent de pédagogie et de répression pour convaincre les conducteurs de ne pas prendre de risque en consommant du cannabis au volant. Votre sécurité et celle des autres sont en jeu !