Accueil > Articles > 9 pistes pour renforcer la sécurité des usagers de la route.
Le Conseil national de la sécurité routière (CNSR) présente 9 nouvelles recommandations à l’intention du Gouvernement afin de renforcer la sécurité des usagers de la route. Voici un condensé de ces recommandations, adoptées le 28 novembre 2022.
La consommation de médicaments et la prise du volant
Il est important d’être très vigilant lors de la prise de médicaments, car certaines molécules présentent des risques élevés dans le cadre de la conduite d’un véhicule. Le CNSR invite le Gouvernement à étudier des orientations pour inciter les professionnels de santé à informer les patients de ces risques lors de la prescription médicamenteuse. D’autres pistes de réflexion concernent l’étude des effets des médicaments sur les accidents de la route.
Une meilleure visibilité de l’expérience des blessés de la route
Le CNSR souligne qu’il y a en moyenne, chaque année, 65 000 blessés graves dans des accidents de la route. Malgré ce chiffre important, la réalité de l’impact collectif et individuel de ces accidents ne semble pas sensibiliser l’opinion publique. Le CNSR propose des pistes pour renforcer la prise de conscience générale :
- Intégrer dans les campagnes de prévention les blessés de la route ;
- Augmenter la portée des témoignages des blessés de la route, notamment au niveau de la reconstruction personnelle ;
- Prendre en compte la souffrance ressentie dans la durée par les blessés de la route (temps d’hospitalisation, séquelles, stress post-traumatique, perte de salaire, etc.).
Mobiliser certains secteurs d’activités sur le risque routier
Pour de nombreux Français, les risques d’accidents de la route sont étroitement liés à un usage professionnel d’un véhicule. Le CNSR rappelle que les accidents de la route sont la première cause d’accidents du travail. Il est donc urgent de réagir à travers des actions de prévention à l’intention des secteurs professionnels concernés et identifiés comme prioritaires.
Le CNSR recommande d’analyser les différentes causes de ces accidents de la route professionnels et de les mettre en relation avec les secteurs d’activités concernés. Le but est d’identifier les problématiques afin de bâtir des campagnes de prévention efficaces.
Une veille particulière sur les usagers de la route vulnérables
Le CNSR identifie les piétons, les cyclistes, les motocyclistes comme des usagers de la route vulnérables. Ces problèmes de vulnérabilité sont étroitement liés à des défauts de construction et d’entretien des infrastructures routières. Il est essentiel de sensibiliser les collectivités territoriales qui sont le plus souvent responsables de la conception et de l’entretien des routes.
Le CNSR souhaite que ces collectivités locales prennent en compte les recommandations du Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement (Cerema) en lien avec la sécurité des infrastructures routières.
Le CNSR recommande le déploiement d’observatoires locaux de l’accidentalité ainsi que la multiplication des audits de sécurité.
Renforcer la prévention et le dépistage des conduites sous influence
La conduite sous influence de stupéfiants ou d’alcool est une cause majeure d’accidents de la route. Il n’est plus à prouver que l’alcool et la drogue sont responsables de nombreux blessés et morts sur la route. En cause : la modification du comportement induite par ces substances.
Selon le CNSR, il est important de pouvoir détecter plus rapidement les conduites sous influence, notamment lors d’un usage professionnel du véhicule. Des mesures de dépistage devraient être permises pour les entreprises.
Une meilleure prise en compte des facteurs psychologiques
Les accidents de la route ne sont pas seulement source de blessures physiques. Ils peuvent également occasionner des blessures psychologiques sur les accidentés, mais aussi sur leur famille. Les symptômes peuvent être variés : stress post-traumatique, problèmes de concentration, relations sociales compliquées, etc.
Le suivi psychologique des blessés de la route et de leurs proches doit être renforcé dans la durée. Le parcours doit être personnalisé depuis la prise en charge psychologique jusqu’à l’indemnisation des préjudices subis.
Le CNSR désire repenser la charte d’accueil des victimes auprès des forces de l’ordre et des établissements de santé. Il préconise encore de créer des référents départementaux afin de déployer des dispositifs de prise en charge et d’accompagnement efficaces.
Investir les usagers dans l’établissement de chartes d’aménagement
Le CNSR recommande l’établissement de chartes d’aménagement de la voirie au sein des villes et des agglomérations. Ces chartes doivent être établies en relation avec les usagers et engager les gestionnaires de voirie dans l’aménagement et l’entretien des infrastructures. Des audits de ces dernières devraient par ailleurs être mis en place. En contrepartie de l’engagement des collectivités, le CNSR recommande de leur faire bénéficier de dotations financières de l’État.
Responsabiliser l’usage des aides à la conduite
Les aides à la conduite florissent sur les véhicules : régulateur et limitateur de vitesse, aide au freinage d’urgence, détection latérale d’usagers et d’obstacles, radar de recul, etc. Ces aides à la conduite doivent s’associer à la vigilance des conducteurs pour fonctionner.
Le CNSR rappelle que ces aides à la conduite ne doivent jamais se substituer à la vigilance des conducteurs. Dans cette optique, il est recommandé de développer des campagnes sur le bon usage de ces assistances.
Lutter contre l’usage du téléphone au volant
L’usage du téléphone au volant est un fléau. Il est responsable de 10 % des accidents de la route. La dangerosité liée à cet usage demeure élevée malgré l’utilisation d’écrans, de dispositifs de communication Bluetooth et mains libres.
Le CNSR appelle à développer des technologies permettant de réguler automatiquement ou volontairement l’usage du téléphone au volant. Les actions de contrôle et les sanctions devraient également être renforcées de la part des forces de l’ordre.
Le CNSR souhaite attirer l'attention du Gouvernement sur des mesures essentielles pour enrayer le nombre de blessés et de morts sur la route. La sécurité routière doit revenir au centre des préoccupations sociétales alors qu'elle a été occultée pendant les deux dernières années de pandémie. En effet, le Covid-19 a occupé l'espace médiatique et monopolisé les campagnes de prévention durant les 2 dernières années au détriment de la situation alarmante sur nos routes.